samedi 4 août 2012

Le Cercle des Poetes Disparus

Cela faisait un petit moment que je n'avais pas posté d'article de présentation de film, et j'en profite pour "critiquer" une oeuvre à part entière qui me tient très à coeur et que j'ai eu l'occasion de revoir récemment: "Le Cercle des Poètes disparus". Lorsque je l'ai vu pour la première fois il y a plusieurs années, j'avais été bouleversée pendant une bonne semaine, durant laquelle je n'avais souhaité voir aucun autre film. Je voulais garder celui-ci en mémoire le plus longtemps possible, m'en imprégner totalement. Je n'avais jamais vu Robin Williams dans un rôle aussi fort, et le destin de Neil Perry m'avait profondément marquée.



Déroulement de l'intrigue

En 1959, l’académie Welton est l’une des institutions scolaires les plus réputées, les plus austères et les plus fermées des Etats-Unis, située dans la campagne du VermontAvec son architecture néogothique, sa fresque de photos d'anciens élèves accrochée en son entrée, ses vieux escaliers, il n'est pas difficile d'imaginer qu'il s'agit d'une école de tradition et de discipline stricte. La devise «Tradition, honneur, discipline, excellence» appuie d'ailleurs cette idée, de même que le discours d'entrée du directeur. 

Cette année-là, un professeur de littérature aux méthodes d'enseignement marginales y fait son entrée : John Keating. Le contraste flagrant entre la rigidité conservatrice de l’académie et la sereine décontraction de John Keating déstabilise rapidement les élèves dans leurs certitudes. 

Le film suit le parcours de quelques élèves. Neil est un élève exemplaire. Doué, dynamique, sociable et généreux, il s'applique à ses études pour ne pas décevoir son père qui voit pour lui un avenir tout tracé. De son côté, Todd est son exacte contraire. Nouveau arrivé, timide et complexé, ce dernier parvient difficilement à se faire une place dans le groupe déjà formé. Mais rapidement, Neil éprouve de l'affection pour lui et décide de le prendre sous son aile et de le faire participer à toutes leurs activités. Le frère aîné de Todd fut un brillant étudiant de Welton. On ne le voit jamais, on ignore son nom, mais sa présence plane dès le début du film. Todd se sent étouffé par ce frère brillant, comme s’il ne possédait pas d’identité propre, et étouffe donc sa propre personnalité. 
Knox quant à lui est le romantique du groupe. Amoureux de Chris, il n'ose pas l'aborder et en souffre. Charlie de son côté, est déjà enclin à la rébellion et l'arrivée de Keating ne fera que donner de la matière à ses idées.
Ce sont globalement des élèves très sérieux mais imaginatifs (ils parviennent à fabriquer en cachette une radio afin de capter une station de rock). 

En enseignant la poésie, Keating désire bien entendu transmettre à ses élèves des notions telles que l’amour de l’art et de la littérature. Il encourage également le refus du conformisme, l'épanouissement des personnalités et le goût de la liberté. En s'appuyant sur la devise qui tient tant à coeur à Keanting : "Carpe Diem - Profite du jour présent", Chris, Knox et Neil vont peu à peu soulever les barrières qui les empêchent de suivre leurs passions.


En fouillant dans les archives de l'école, Neil Perry découvre le dossier de Keating, du temps où ce dernier était élève à Welton. Il apprend par la même occasion l'existence du cercle des poètes disparus. A l'intercours, Neil et les membres du groupe décident d'aller en parler au principal intéressé. Ils apprennent alors que le cercle des poètes disparus était une sorte de société secrète fondée par Keating et ses camarades de classe de l'époque dans le but de mettre en lumière la poésie "de l'ombre", les poètes oubliés ou indésirables de la pédagogie et des convenances. Neil, Knox, Charlie et quelques autres décident de reformer, dans le même secret, ce cercle des poètes disparus. Une manière pour eux d'échapper aux règles qui leur sont imposées au quotidien et de mettre des mots sur ce qu'ils ressentent.




Régulièrement, Neil et ses amis quittent leur lit au milieu de la nuit pour se regrouper dans une caverne en forêt voisine, afin de lire de la poésie. Todd, à la demande de Neil, accepte de les accompagner à condition de ne pas être obligé de prendre la parole. 


Pendant les journées, Keating organise des classes de plein air, des activités sportives afin d'aider ses élèves à ouvrir leur esprit. Les méthodes de Keating sont bien entendu rapidement mal vues par ses supérieurs et les autres professeurs de l'Académie, qui estiment qu'à lui seul, Keating risque de compromettre tout le travail fourni par ses prédécesseurs pour maintenir la discipline et la concentration des élèves. Les mois s'écoulent et le corps enseignant finit par fermer les yeux, forcé de constater que l'enseignement suspicieux de Keating ne montre que des résultats positifs dans l'ensemble.

Effacé, profondément réservé, seul Todd semble s'emmurer dans ses complexes, et demeurer en retrait. Mais Keating est clairvoyantRien de lui échappe, et certainement pas le manque de confiance évident du garçon. Pour lui, son métier c’est aussi pousser chaque élève à s'estimer et découvrir ses propres richesses. 

Neil semble être le plus sensible à l’influence de Keating. Eduqué d’une main de fer par un père autoritaire, Neil n’a aucune échappatoire. Mais lorsqu’il se découvre une passion pour le théâtre et obtient le rôle de Puck dans Le Songe d’une nuit d’été, il décide d'en parler à Keating, qui l'encourage sur cette voie. 

Il n’en est pas de même pour le père de Neil. Découvrant que son fils lui ment, il condamne le garçon à passer le reste de ses études dans une école militaire. Pour Neil, c’est la fin de tous ses rêves. Plutôt que de se soumettre à un destin qui ne lui ressemble pas, il choisit la fuite suprême. 

Dès lors, le destin de Keating est joué. Il est tenu responsable du suicide de Neil, puis renvoyé. Pour le directorat de Welton, cette mort sert d'appui pour renforcer l'idée que toute innovation dans l'enseignement provoque des tragédies. La mort de Neil représente pour Keating même un échec et un profond chagrin. Todd et ses autres camarades sont tout autant bouleversés.

Mais l’enseignement de Keating a porté ses fruits. Le professeur de latin, tout d'abord, décide de changer ses méthodes d’enseignement. Une façon pour lui de montrer son soutien à son collègue. Alors que Keating a fini de récupérer ses effets dans la salle de classe et s’apprête à partir, Todd lance l’adieu en grimpant sur son bureau, défiant l’autorité du directeur pour rendre hommage à celui qui a su le libérer de ses doutes. Cette scène dont est témoin Keating lui montre que son enseignement a laissé une trace positive. Et voici que Knox suit le chemin de Todd, puis d'autres, jusqu’à ce que la moitié de la salle se retrouve debout sur les pupitres, ignorant les cris du directeur qui tente en vain de rétablir l’ordre. Dans les yeux de ces élèves, il y a la certitude que personne ne sera plus en mesure de dicter leur propre destin. 



« Je m’en allai dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte. Je voulais vivre intensément et sucer toute la moelle de la vie. Mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie, pour ne pas découvrir, à l’heure de ma mort, que je n’avais pas vécu. » 


Thoreau.

Mon avis sur ce film

Il s'agit de l'un de mes films préférés, pour plusieurs raisons. La première raison a été mon identification immédiate à l'un des personnages : Todd Anderson. D'autre part, j'ai beaucoup aimé cette amitié qui liait ce dernier à Neil Perry. Une personnalité totalement différente de la sienne et qui vient l'appuyer de toutes les manières qu'un ami puisse appuyer un autre ami. 
Neil Perry est LE personnage que j'ai véritablement adoré. En plus d'être touchant, sensible et intelligent, il a la qualité d'être profondément tolérant et attentionné envers les autres, tout en n'hésitant pas à dire avec sincérité ce qui ne va pas chez quelqu'un, dans le seul but d'ôter les barrières qui empêchent cette personne d'être heureuse. Neil Perry représente en quelque sorte l'ami masculin que j'aurais vraiment aimé connaître dans la vraie vie, et la personnalité que j'aurais bien aimé devenir moi-même :) Bien entendu, sa mort dans le film a été un choc, tant inattendue que logique (finalement), et la douleur de Todd et des autres membres du groupe est tellement bien rendue... C'est comme si les autres décidaient d'endosser le rôle de Neil auprès de Todd pour le soutenir dans sa solitude. Cette scène est vraiment belle.


Ensuite, vient le rôle du professeur Keating. Bien entendu, ce personnage ne peut laisser personne indifférent, puisqu'il s'agit en quelques sortes du principal attrait du film. J'avais été habituée jusqu'ici à voir Robin Williams dans les films pour enfants et la grande faculté qu'il a eu à interpréter ce rôle m'a prouvé qu'il était un excellent acteur. Après, je dirais que le professeur marginal, charismatique, qui met l'esprit de ses élèves en éveil est une idée qui avait déjà été mise en scène maintes et maintes fois avant cela.
Un seul bémol : la femme dans ce film (bien évidement quasi inexistante pour bien marquer le système de l'école), est à l'image d'une poupée de porcelaine. Jolie, délicate, naïve... et nunuche. 

Ce qui a vraiment marqué la différence, c'est cette approche de la littérature et de l'Art d'une manière générale. Toute cette trame autour du Cercle des poètes, les références à H D Thoreau et Walt Whitman entre autres, la valeur de la liberté et des idées, étaient bien trouvées et employées avec justesse.

C'est un film fort et délicat dans un même mouvement. Un film qui nous donne un souffle de courage pour s'accrocher à notre vie.



5 commentaires:

Angel a dit…

Ce film a l'air d'être vraiment captivant par la morale et la poésie qui s'en dégagent. Je le regarderai le moment venu. :)

Fanny S. a dit…

Ah ce film ! J'en ai pleuré, et ) chaque fois que je le revois ça me fait le même effet ! Les contraintes "adultes" ont du mal à cohabiter avec les rêves...

Juliette a dit…

Moi aussi, c'est un de mes films préférés ! Je l'ai vu quand j'étais au lycée et dès le lendemain, je me suis mise à chercher des livres de Whitman et Tennyson ^^
Je trouve que le point fort de ce film, c'est vraiment ce goût qu'il peut donner pour certains auteurs qu'on n'étudie pas (du tout), même dans les filières littéraires. Et ça fait tellement du bien de regarder un film où l'on nous présente la découverte de la poésie comme celle de la liberté, du dépassement des contraintes et du côté purement "scolaire" de l'étude !

Mélissa a dit…

J'adore ce film. Les larmes aux yeux à chaque fois.

Beatrick a dit…

Un classique des années 90, en plein dans mon adolescence, lors de sa sortie. Je te laisse imaginer le buzz dans la cour de récréation autour de ce film, prompt à marquer les esprits adolescents (= les héros sont des adolescents, le film est un hymne à la différence, hors beaucoup d'ados se sentent mal à l'aise lors de cette période et se sentent proches des héros). De toute façon, il n'y a pas à tergiverser 100 ans, ce film est un chef d'oeuvre.

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