La Basse-Normandie : entrez, c'est tout vert !

L'endroit où je vis s'appelle "le Bocage normand", et plus précisément "le Bocage virois". Ce dernier terme caractérise toute la zone vallonnée et bocagère qui entoure la ville de Vire, dans le Calvados. Bien que la majorité de la superficie bas-normande soit bocagère (Pays d'Auge, Pays d'Ouche, Perche), le nom « Bocage normand » désigne l'ensemble bocager qui s'étend sur tout le flanc ouest de la Basse-Normandie, plus précisément la moitié sud de la Manche, le Bocage ornais et bien-sûr le Bocage virois. Les principaux cantons de ce pays sont Bény-Bocage, Saint-Sever-Calvados (et sa forêt), Vassy et Vire.

Bien qu'il y ait des preuves de vie préhistorique par la présence de mégalithes, dolmens et pierres druidiques, la région fut très peu peuplée avant le Xe siècle. Elle fut d'abord une forêt uniforme traversée par une ancienne voie romaine. A cette époque, la région est une terre jugée peu accueillante par son climat et son relief, et le peuplement se fait de manière très dispersée et progressive. Le paysage a évolué vers une structure bocagère permettant l'alimentation des habitants, évolution accentuée par la surexploitation des forêts jusqu'au XIXe siècle. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Bocage virois est l'un des objets principaux de la destruction par les bombardements alliés de tous les bourgs et villes constituant des nœuds routiers, afin de pénaliser les mouvements défensifs allemands. La région est ensuite le théâtre de l'opération Bluecoat, connue localement sous le nom de percée du bocage.

Autour de la jolie ville de Vire perchée sur une butte et dominée par le beffroi de sa porte horloge, s'étendent des paysages de bocage typiquement normand : des prairies verdoyantes et grasses sur lesquelles veillent les troupeaux de moutons, les nombreuses vaches blanches tachetées de marron ou de noir, et les chevaux. Il s'y trouvent de vieux moulins quelques fois abandonnés au bord des rivières... Le printemps est coloré de jonquilles et de bruyère. Les belles fermes rustiques sont agrémentées de pressoirs à cidre, d'étables, de corps de logis... Les cours sont plantées de pommiers et de poiriers. Il y a aussi de nombreux et splendides manoirs... le Virois évoque à lui seul la Normandie. Les collines fendues de vallées forment parfois des gorges (les gorges de la Vire), quadrillées par des prairies bordées de haies vives ou de murs de pierre, et parcourues de chemins creux et ombragés qui dessinent une contrée un peu mystérieuse... telle une deuxième Irlande. La forêt de Saint-Sever, le chemin des gorges de la Vire et le lac de la Dathée sont les lieux de promenade les plus prisés.

Les habitations sont évidemment influencée par la géologie de cette région du Massif armoricain. Le Bocage virois est bien dans le Calvados, mais le style des maisons n'a rien à voir avec les maisons normandes telles qu'on les imagine (chaumières à torchis et colombages, qui caractérise plutôt le style des maisons du pays d'auge). La maçonnerie typique est plutôt faite de schiste marquée aux angles par du granit. Les toits sont traditionnellement en ardoises. L'habitat est très dispersé, les exploitations rurales sont petites et les bâtiments ruraux nombreux et peu imposants, ce qui a motivé au fil du temps un entretien très rustique.
La particularité du bocage-normand réside dans son relief qui provoque une pluviométrie et un enneigement supérieurs à la moyenne et des températures négatives en hiver.

La terre est acide et facilement envahie par la fougère. L'ajonc fleurit tôt sur les landes. Pour la haute strate, les haies sur talus sont composées de chênes, de frênes, de châtaigniers, de quelques merisiers et de hêtres. La strate basse est essentiellement composée de noisetiers, de prunelliers, d'aubépines et de sureaux (j'en récolte quelques baies que je congèle et que je ressors en hiver pour les donner aux oiseaux, ils adorent^^). Ces haies bocagères délimitent une alternance de prés, de cultures fourragères et de vergers de pommes le plus souvent destinées à la production et la consommation familiale de cidre.


 
La spécialité locale la plus populaire est l'andouille de Vire ^^. Parmi ce que je préfère, y a toutes les volailles fermières à la crème, le canard au cidre, la tarte au camembert (faite maison, c'est impensablement délicieux =P). Pour les desserts, il y a les tartes fines aux pommes, la confiture de lait (miam! =P), les caramels au beurre salé, et la fameuse Teurgoule au lait entier de ferme. Il y a également tous les alcools dérivés de la pomme dont je suis particulièrement fan lorsqu'ils s'évaporent dans les recettes de cuisines, à savoir : le cidre, le pommeau de Normandie, le calva. Ce dernier est d'ailleurs servi avec le traditionnel trou normand (glace à la pomme), en milieux de repas de fête. Pour les gourmands, la liste complète se trouveici ;) Vous comprendrez ainsi pourquoi les "vraies" femmes normandes sont bien en chair xD

Je suis amoureuse de mon pays humide et vert où il fait bon vivre... Je suis entourée depuis toute petite de gens casaniers, assez fiers, réservés mais généreux, et je m'y suis toujours sentie chez moi, je n'ai pas envie de bouger =P