dimanche 28 août 2011

Black Swan, de Darren Aronofsky


Black Swan, de Darren Aronofsky
En comparaison à la plupart des styles de danses qui existent et que je n'aime pas davantage, la danse classique possède en plus le défaut de casser le corps et l'esprit dans tous les sens du terme. Bien-sûr, c'est un point de vue assez étriqué venant d'une personne qui n'a quasiment jamais mis les pieds dans un club de danse, mais ce n'est pas une discipline qui m'attire... Même lorsque j'observe les ballets quelques fois, je ne ressens que le côté surjoué et superficiel des interprétations.
 
Pourquoi diable parle-t-elle de danse alors, direz-vous ? Tout simplement parce-que c'est l'univers qui englobe l'intrigue poignante du dernier film en date de Darren Aronofsky :Black Swan, une sorte de remake du Lac des Cygnes, en mettant fortement l'accent sur la psychologie d'une ballerine, qui est le personnage clé de l'histoire. Je suis allée le voir mercredi soir, dans une salle comble, et j'en suis ressortie assez bouleversée, tout comme je l'avais été après avoir vu The Fountain, du même réalisateur.
 
Le film débute par un rêve. Celui de l'héroïne, Nina, (jouée par Natalie Portman) qui interprète dans ce rêve la reine des cygnes, toute de blanc vêtue, innocente, fragile et apeurée par un esprit sombre. La jeune femme se réveille et le spectateur découvre une chambre rose remplie de peluches. Après avoir souhaité une bonne journée à sa mère célibataire, la jeune femme se rend à son audition et obtient le rôle principal du Lac des Cygnes. On devine d'ors et déjà, après cette entrée en matière, que le film va amorcer un bouleversement autour du tempérament de cette ballerine, à qui la mère a préparé le soir même un énorme gâteau congratulant la performance de sa fille chérie d'une vingtaine d'années bien avancée.

L'ambiance du film est équivoque à ce que son titre nous inspire, voire même proche de l'épouvante pour certains passages. Les seules couleurs dont je me souviens sont celles présentes dans cette fameuse chambre digne d'une princesse qui se plait à vouloir respousser les réalités de la vie des jeunes adultes.

Black Swan, de Darren Aronofsky

Même si le maître de ballet, Thomas Leroy (joué par Vincent Cassel) perçoit immédiatement en Nina le cygne blanc, pur et fragile, il sait qu'elle ne parvient pas à faire ressortir son côté plus relâché et spontané, enfermée par sa timidité et son propre soucis de perfection, alors que c'est un trait essentiel pour faire ressentir la double personnalité du cygne qu'elle doit interpréter. Après l'audition, il la met alors en garde contre son obsession du contrôle et provoque sa sensualité. Malgré cela, Nina n'a pas le courage de se libérer de sa fierté
. Son état d'esprit va cependant changer le jour où arrive une nouvelle danseuse, Lily. Cette dernière, aussi sensuelle et libérée que Nina peut être coincée, posséde beaucoup de charme et d'impétuosité dans son style et attire inévitablement l'intérêt du maître, et l'hostilité de Nina, qui imagine très bien la jeune femme lui voler son rôle. 

Leroy joue alors de ce sentiment de jalousie en faisant pression sur Nina. Il l'oblige à lâcher prise et à accepter l'impudeur et la spontanéité du cygne noir. Et cette confrontation entre ces deux extrêmes de sa personnalité mènera peut à peut Nina à la folie. Elle sait qu'elle doit devenir Lily pour interpréter le cygne, et pour séduire son chorégraphe. L'éducation de Nina inclue la découverte de sa sexualité, qui la guide vers la découverte de son corps et de son véritable potentiel. Nina se retrouve hantée par son rôle et par une présence bien plus sombre qui cherche par tous les moyens à s'extérioriser de façon progressive. Cette présence se représente tantôt sous ses propres traits, tantôt sous les traits de Lily. L'abandon tardif de l'enfance va chambouler la relation entre Nina et sa mère d'une façon violente.

Black Swan, de Darren Aronofsky

L'un des principaux attraits du film est bien évidemment la fabuleuse interprétation de Natalie Portman qui explose littéralement dans un registre particulièrement difficile. Cela dit, après sa prestation dans V pour Vendetta qui ne m'avait pas laissée indifférente, je ne pouvais être que passablement surprise ^^.
Ensuite vient l'esthétique. Une atmosphère oppressante et angoissante, dans un quotidien New-Yorkais froid et distant, mais l'ensemble est sensiblement et artistiquement très beau, très sensuel également. Sans parler de la beauté des costumes et du maquillage.
J'ai également beaucoup aimé la façon d'approcher le ballet classique et le cadre très fermé et impitoyable que ce milieu impose aux jeunes filles. Et pour finir, la musique, à la fois berçante, torturante, avec l'innocente de Nina qui se ressent dans chaque note... une partition toujours signée par Clint Mansell, avec bien-sûr, la reprise du célèbre thème de Tchaikovsky. La scène finale, avec le thème musical, la lumière des projecteurs, le maquillage et la pousse des ailes noires sur les bras de Nina, restera longtemps dans ma mémoire.



J'ai beaucoup aimé ce film (la ressemblance assez troublante entre ma propre personnalité et celle de l'héroïne y est sans doute pour quelque chose^^). Je l'ai trouvé envoûtant, bien qu'il suscite le malaise du début à la fin. Je n'ai pas décroché un seul instant. L'atmosphère est très lourde et les émotions très chargées. Ce film aborde la fin de l'innocence... et l'une des conséquences possibles lorsque cela est fait de façon trop brusque sur un esprit fragile. Chacun interprète la fin du film à sa manière bien-sûr, et c'est ce que j'aime également =) Il n'y a qu'un bémol que je pourrais relever : je n'ai pas trouvé l'intérêt du gore et du côté un peu film d'horreur, j'ai trouvé qu'il n'apportait rien et que la tourmente de l'héroïne aurait pu être mise en évidence d'une autre façon sans avoir recourt à cette approche. On tombe un peu dans le cliché de la schizophrénie agressive et incontrôlable.... Malgré cela, la subtilité ressort, en bonne partie grâce à la finesse du scénario et à la profondeur des personnages. Un nouveau podium pour le grand Aronofsky qui s'inscrit dorénavant dans ma liste de réalisateurs favoris.

Black Swan, de Darren Aronofsky

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