lundi 30 avril 2012

"Le Terrier"


Comme il ne cesse de pleuvoir et que je suis en vacances dans ma campagne où l'herbe reprend peu à peu sa souplesse et ses couleurs fraîches, mon esprit vagabonde ^^ J'ai une envie folle de retrouver Hobbitbourg ! En ce moment, lorsque je ne suis pas plongée dans mon propre livre ou dans celui de mon "grand-père", je cogite à un sérieux projet... 


Vous vous rappelez peut-être d'un précédent article dans lequel je faisais mention d'une maison écologique, construite aux Pays de Galle ? Plus je regarde les collines qui m'entourent et plus je me dis que, finalement, construire une maison Hobbit dans les parages semble tout à fait faisable, si je deviens un jour propriétaire d'un terrain :) J'aimerais vraiment faire bâtir une maison de ce type, mais contrairement à la maison du Pays de Galle, une maison véritablement enterrée, à l'abri du vent et de l'humidité, vraiment à la manière de "Cul-de-sac". Ce projet m’obsède depuis plusieurs mois. Je suis convaincue que c'est réalisable, même si mon souhait de construire une maison écologique et économique sur le long terme inclura forcément des travaux de départ onéreux. 

Pour l'instant, cela tient du rêve du fait que je n'ai pas encore de vraie situation, ni d'argent de côté pour pouvoir débuter un tel projet... J'ai pensé à un moment donné créer une sorte d'association, une coopérative, afin que tout ceux qui participent au projet se retrouvent dans ce "gîte" lorsqu'ils souhaitent se mettre au vert, ou retrouver simplement l'esprit de la Comté... Bien entendu, on ne peut obliger personne à y vivre 24h sur 24, privé d'électricité. Simplement lorsqu'on ressent le besoin de se retrouver entre fans le temps d'un week-end ou des vacances... vivre LENTEMENT, prendre le temps de "s'ennuyer" un peu et d'échanger, réfléchir, se poser.

Pour ce projet, il y a du boulot. Il faut trouver un terrain constructible, creuser un gros trou à niveau, construire des murs de chanvre étanches et répulsifs envers les rongeurs, faire construire des portes et fenêtres rondes en bois. Les murs seraient de formes arrondies, soutenus par des poutres, un peu comme s'ils avaient été creusés et consolidés à la main. Le tout surmonté d'un plafond parfaitement étanche et recouvert de terre végétale de sorte à former un petit talus qui s'intègre naturellement dans la montagne :) On y croit !


Lorsque vous poussez la porte d'entrée, vous vous trouvez dans le vestibule plongé dans la pénombre. A votre droite se trouve une souche haute et tortueuse sur laquelle quelques rameaux sectionnés et polis se présentent à vous pour accueillir le col de votre manteau (et de votre parapluie!), le temps de votre visite. Droit devant vous se dessine l'entrée sous arcades de bois d'une très grande pièce intimiste. Mais de là où vous vous trouvez, vous ne pouvez apercevoir qu'un pan de mur recouvert de livres. Vous n'en savez pas plus pour l'instant, car votre regard se trouve attiré par la seule pièce baignée de lumière qui s'offre à vous dans l'immédiat, placée sur votre gauche, à travers une ouverture arrondie par laquelle un homme peut s'aventurer sans avoir à se baisser.

Vous entrez alors dans un salon chaleureux. La lumière provient d'une grande fenêtre au sud, encadrée de deux bougeoirs fixés aux parois de son renfoncement arrondi. Un feu de cheminée crépite également sur votre droite. L'odeur du feu de bois emplit vos narines. Devant la fenêtre, se trouve une petite table de chêne sur laquelle demeure une boîte de chocolats en attente d'être dévorés (en plein soleil, bravo...).

Les murs sont à mi-hauteur recouverts de bois, ainsi que le contour des ouvertures permettant de se rendre soit dans la cuisine, soit dans le couloir menant aux chambres, juste en renfoncement sur la gauche de la cheminée. Vous décidez de suivre la visite en continuant sur l'axe principal, à savoir, vers la cuisine, baignée de cette même lumière directe et accueillante. En chemin, vos pieds s'attardent sur un tapis moelleux recouvrant le sol du salon et dont la chaleur se ressent à travers vos semelles fines.

Lorsque vous pénétrez à l'intérieur de la cuisine, se trouve face à vous une petite porte ouverte sur le jardin que votre hôte a oublié de refermer. Vous apercevez une partie du potager contenant les plantes aromatiques (persil, thym, sauge, romarin). Le beurrier, le pot de confiture de lait, les biscuits et le morceau de fromage ont été oubliés sur la table de bois polie... décidément. Sur votre droite, à côté de la sortie vers le couloir et les chambres, se trouve le garde-manger dont la porte est close. C'est un endroit frais et sec, à l'abri de la lumière, dans lequel sont entreposés des pièces de jambon, la réserve de farine, les confitures maison, les graines, le miel, les barriques, la presse à citrons (qui poussent naturellement en Normandie, c'est bien connu^^), ainsi qu'une rangée de flacons d'huiles essentielles.


Vous quittez la cuisine chaleureuse pour emprunter le couloir menant aux chambres et à la salle de bains juste devant vous (ou disons plutôt, la salle où sont entreposés quelques tonneaux remplis d'eau de pluie et des toilettes sèches). Le couloir est sombre, percé de quelques puits de lumières lorsque des ouvertures vers les pièces situées au sud le permettent. Les deux prochaines pièces sur votre gauche, en longeant le couloir, sont fermées par de belles portes rondes et ouvragées. Ce sont les chambres. L'une aux couleurs blanches, l'autre rouge, composées chacune d'un lit, d'une armoire et d'une table avec tabouret. Elles sont très rustiques, un peu comme les chambres d'un chalet de montagne. Tout le mobilier est en bois, naturellement. Les tabourets sont de simples morceaux de tronc sur lesquels sont posés des coussins ronds et moelleux. La lumière provient d'une fenêtre de toit circulaire, assez large, permettant d'admirer les étoiles tard le soir, au chaud dans ses draps.

Le couloir vous mène ensuite vers une grande salle feutrée aux couleurs sombres : la salle que vous aviez aperçue en entrant dans la maison. Les murs sont entièrement recouverts de livres anciens et modernes regroupés par thèmes. Il y a un mur entier consacré à la littérature de toutes origines, une autre section sur la zoologie et la botanique. Il y a aussi psychologie, cuisine, hippologie, histoire de Poudlard, histoire de France, histoire de la Normandie et des vikings, Terre du Milieu, Arts, Loisirs créatifs, et également un pan de mur entier consacré au cinéma, avec les grands classiques visionnables sur rétroprojecteur à énergie mécanique : une demi-heure de vélo pour mériter 3h d'autonomie (petit délire perso =P). Je peux aussi projeter d'installer des panneaux solaires, juste au cas où...


Contrairement aux autres pièces à vivre, le sol de la bibliothèque est recouvert de parquet ciré, sur lequel repose un immense tapis rouge sombre. Il y a également une grande table centrale et rectangulaire. Cela donne à la pièce une ambiance très intimiste. Il n'y a aucune fenêtre et la seule lumière naturelle provient de la pièce voisine sur votre droite, l'atelier, qui lui se trouve baigné de lumière directe en provenance du sud. Cette pièce est beaucoup plus claire, de par la couleur de son bois. C'est ici que je passe beaucoup de temps à écrire. Comme cette pièce est grande, je m'en sers également comme débarras, ce qui fait qu'elle se retrouve très souvent surchargée de caisses et de paperasses. Une grande table d'architecte est calée tout contre la fenêtre de laquelle je peux surveiller Lancelot faisant le mariole dans son paddock, ou admirer la vue sur le versant de la colline et la forêt privée.

Ainsi se termine la visite. Vous prendrez bien une tasse de thé avant de repartir ?



Ça ne me poserait pas de problème de devoir à nouveau m’éclairer aux bougies, me laver au pichet d’eau, communiquer par lettres, utiliser le cheval comme moyen de transport quand la distance est trop longue... J’aime le vieux, le rustique. Je suis déjà un peu comme ça aujourd’hui. Ou du moins, je le recherche et je ressens au fond de moi ce besoin de retourner aux racines.  Quand on y réfléchit, la seule chose qui nous empêche de vivre ainsi aujourd’hui, c’est le regard des autres. 

Je suis convaincue que s’il existe encore quelque part des personnes se sentant capables au très fond d’elles de vivre dans ces conditions, à la manière des amérindiens, je dois en faire partie. J’ai commencé depuis quelques temps déjà à me familiariser progressivement à ce mode de vie. D’une manière générale, je n’achète que très peu. L’artisanat et le service mutuel entre personnes respectent de belles valeurs, et méritent d’être beaucoup mieux défendues  face à l’ampleur que connaissent les activités exclusivement commerciales. Je crois que les vraies richesses sont celles que l’on donne en partage.


Images : New Line Cinema / Plan et montages : Suzelfe

9 commentaires:

Juliette a dit…

Ah je n'avais pas vu que la maison de Hobbit dont tu parles était au Pays de Galles ! Je vais bientôt postuler pour aller faire une conférence à Cardiff en octobre, j'aimerais trop passer la voir à l'occasion ! :O

Héhé je viens de voir John Tavener dans ta playlist ... Du coup j'ai vraiment envie de me repasser "The Tree of Life" ! :-p

Juliette a dit…

Oh mais je suis nulle, je n'avais même pas vu que tu me mentionnais à propos de Thoreau !
En tout cas, si c'est moi qui t'ai donné envie de lire "Walden", j'en suis ravie !

Ce qui est très intéressant avec Thoreau, c'est qu'il a cet idéal de simplicité mais il ne se situe pas non plus en marge du progrès. C'est pour ça que j'aime beaucoup cet auteur, parce que ce n'est pas juste quelqu'un qui dit "il faut revenir à un mode de vie très simple, donc rejeter en bloc la modernité". D'ailleurs on voit quelque chose de similaire à travers ton projet puisque tu évoques les panneaux solaires, c'est chouette de voir une bonne utilisation d'un progrès technique récent ! ^^
(Et c'est pour ça que ça me chagrine de voir plein de mouvements le "récupérer", parce que ça réduit le contenu de sa pensée ... Enfin, on ne va pas refaire le monde !)

A ce propos, il y a eu une émission sur cet aspect-là de la pensée de Thoreau sur France Culture récemment, je me demande si le podcast est encore disponible ...

Florent a dit…

En plus d'avoir toujours admiré le mode de vie des Amérindiens et des Hippies (entre autres, évidemment, là je ne me limite qu'au continent nord-américain), j'ai toujours fantasmé sur le mode de vie des Amish, ces gens qui ont comme loupé une étape dans l'évolution de l'humanité (qu'on appelle en général "progrès") et qui sont restés coincés dans les siècles antérieurs au XXe, dans leur mode de vie (et malheureusement, dans leurs mentalités, également...). J'ai même eu des moments dans ma vie où j'étais prêt à aller aux Etats-Unis, et me faire passer pour un "nouveau converti", rien que pour goûter aux joies d'une vie hors du temps et de la modernité. Leur mentalité conservatrice et traditionaliste me rebute (mariage et enfants, condition de la femme) tout comme leur esprit sectaire, mais sinon à part ça ils ont toute mon admiration, car ils représentent un peu la société nouvelle que j'ai envie de voir un jour. Est-ce utopique d'espérer un exode urbain après les exodes ruraux du XIXe siècle ? Oui, sans doute. Mais c'est ainsi que je vois la délivrance de l'humanité. Un monde sans villes, sans voitures (sauf pour les cas d'urgence, comme pour la police, les pompiers, les urgences). Vivement que tu puisses concrétiser ton projet, chère Suzie !

> Commentaire d'origine posté sur Facebook le 30 avril 2012 à 9:40

Juliette a dit…

Non non mais non, pas les Amish, c'est un repaire de fondamentalistes religieux ... >_< Je préfère la version "à la Hobbit" de Suzie, inspirée par Tolkien et "Walden" !!

> Commentaire d'origine posté sur Facebook le 30 avril 2012 à 11:06

Florent a dit…

Je disais bien dans mon commentaire que je condamnais l'esprit conservateur, traditionaliste, sectaire (et fondamentaliste, j'avais oublié de mentionner ce dernier mot) des Amish. Si les Amish étaient athées et plus tournés vers Tolkien, Walden et les Hippies, il y a longtemps que j'aurais quitté la France ! :)

> Commentaire d'origine posté sur Facebook le 30 avril 2012 à 11:09

Suzie a dit…

J'avais aussi étudié les Amish durant mes cours d'Anglais, au collège ^^ D'une manière générale, je n'ai pas été attirée plus que ça par leur mode de vie, même si cela reste fascinant. J'ai le sentiment qu'ils défendent plus le déni de la vie à notre époque que la volonté de vivre en pleine nature ;) Ce qui n'est pas vraiment mon cas. Juliette m'a devancée xD

> Commentaire d'origine posté sur Facebook le 30 avril 2012 à 11:10

Juliette a dit…

Désolée mais j'ai une réaction épidermique dès qu'on parle de Mormons et d'Amish, quelques traumatismes ... XD
Je plussoie, Suzie, tu m'as devancée aussi et je m'incline face à ce que tu as dit ! ^^

> Commentaire d'origine posté sur Facebook le 30 avril 2012 à 11:11

Suzie a dit…

En fait, ce que je voudrais, c'est vivre au contact de la nature et respecter la terre le plus possible (c'est pour ça que je mentionnais les natifs d'Amérique), mais accepter de bon coeur aussi ce que notre époque a d'intelligent à proposer pour ça ! :) Il faut rester ouvert aux nouveautés, et donc, ne pas s'isoler complètement. Je m'entourerai de "rustique" mais par exemple, je ne rejette pas le cinéma et le visionnage de films (je ne pourrai pas m'en passer non plus). J'aimerais juste modifier ma façon de l'obtenir (avec mon petit délire du pédalo à images, c'est encore un peu flou à ce niveau là je l'avoue, mais j'y retravaillerai xD). Pour le coup, cela risque de donner une petite touche steampunk à mon logis de hobbit, mais pourquoi pas xD

Je crois avoir compris qu'il n'était pas "facile" (car tout est possible!) de vivre en autarcie aujourd'hui, puisqu'on ne peut utiliser que ce qui nous "appartient". Même le bois pour se chauffer est payant (ou, espérons le, échangeable si d'autres personnes sur terre acceptent encore de partager). Le mieux pour éviter tout contact avec l'argent sur le long terme serait de posséder soi-même une forêt. Mais dans ce cas, il faudrait aussi posséder un troupeau de moutons pour la laine, des vaches pour le lait et le beurre, des poules pour les oeufs, etc... Je serais bien obligée de manipuler l'argent d'une façon où d'une autre pour acquérir tout ça, apprendre à vivre de façon autonome (prendre des cours de tricot, de cuisine rustique, de médecine et de soins quotidiens par les plantes...) et donc de pratiquer un métier d'"aujourd'hui" pour pouvoir commencer à vivre ainsi. Mais même en travaillant dans le monde d'aujourd'hui, dans lequel je n'ai pas tant de difficultés que ça pour m'intégrer, j'aurais quand même mon petit univers à moi (dans lequel je vous inviterai, comme vous le savez déjà ^^), avec le plaisir de manger ce qui pousse dans ma terre, prendre le temps d'apprendre à créer des choses utiles de ses propres mains :) Je crois que pour être heureux, il faut accepter ce que les gens nous donnent, cela ne nous empêche pas de faire un tri.

> Commentaire d'origine posté sur Facebook le 30 avril 2012 à 11:53

Juliette a dit…

Merci pour la transcription des commentaires, c'était plus approprié ici ! ;)
Et puis je suis tellement d'accord avec ton dernier commentaire que je n'ai rien à ajouter ^^

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