Je n'avais pas été au cinéma depuis longtemps, mais s'il y avait un film que je ne voulais absolument pas manquer, c'était bien celui-ci. Le voir plusieurs fois permet de mieux en saisir la beauté.
Plusieurs histoires situées sur différents espaces temps, d'une certaine façon toutes liées les unes aux autres. Ce sont les mêmes acteurs que l'on retrouve aux différentes époques dans des rôles différents, ce qui donne une continuité entre ces personnages à travers les siècles et une idée bien singulière de la réincarnation. Le montage en lui-même était plutôt osé, mais les époques sont parfaitement entremêlées de façon limpide et magnifique. La philosophie du film tourne notamment autour de l'entêtement humain à reproduire inlassablement les erreurs du passé, la puissance de l'amour et l'espoir, à travers les idées d'un médiateur. L'espoir finit par triompher du mal à chaque époque. L'humanité finit toujours par rebondir malgré ses erreurs et crée toujours un futur meilleur en renversant l'ordre établi. D'une certaine façon, le film met en lumière l'idée que de toute l'histoire de l'humanité, aucune leçon ne doit être tirée simplement, car chaque époque est unique, avec ses identités, ses esprits qui la font vivre, et qu'aucun peuple n'est plus clairvoyant que ne le furent les autres peuples de l'histoire.
Un film au contexte inédit et vraiment bouleversant. On est aspiré dans une sorte de spirale. On ressent un certain malaise, et en même temps, on a le sentiment d'être pris par la main et d'être guidés de façon intelligente et objective. L'humanité est exposée tantôt de façon repoussante à l'extrême, tantôt de façon incroyablement sensible, faisant ressortir les plus beaux côtés de cette humanité parfois tâtonnante, réfléchie, poétique.
La première époque se situe en 1849, dans l'océan Pacifique. Adam Ewing, un jeune juriste, voyage à bord d'un navire. Il fait la connaissance d'un passager clandestin qui fuit l'esclavage. En retrouvant son épouse Tilda à San Francisco, Adam et cette dernière décident de s'engager dans la lutte contre l'esclavagisme.
Puis, durant l'entre-deux guerres, en Angleterre (vers 1930), nous suivons Robert Frobisher, un jeune musicien bisexuel, qui doit quitter son amant Sixsmith et travailler à Cambridge pour un célèbre compositeur. Il garde contact avec Sixsmith par écrit. Robert apprend beaucoup au contact du compositeur tout en écrivant sa propre œuvre, la Cartographie des nuages.
En 1973, en Californie, la journaliste Louisa Rey enquête sur un dossier (rédigé par un certain Sixsmith, plus âgé) allant à l'encontre de la construction d'une centrale nucléaire. Les responsables de la centrale veulent dissimuler les dangers potentiels et font assassiner un à un les opposants, dont Sixsmith. Dans la chambre d'hôtel de Sixsmith, Luisa découvre les vieilles lettres de Robert Frobisher.
Dans le présent, en Angleterre, (la partie la plus drôle) nous suivons les aventures de Timothy Cavendish, un éditeur qui connaît le succès après que l'un de ses auteurs ait assassiné en public son critique littéraire. La majeure partie de son argent ayant été récupérée par ses créanciers, Cavendish se trouve dans l'impossibilité de payer la famille de l'auteur incarcéré. Il appelle alors son frère à l'aide, qui lui donne le nom d'une pension de famille discrète pour se cacher. En réalité, il s'agit d'un centre d'internement pour les personnes âgées.
En 2144, dans une Corée du futur, la société est maîtrisée par une organisation, la Corpocratie, un véritable empire consumériste. L'une des clones, nommée Sonmi-451, travaille dans la cafétéria Papa-Song, où elle fait la rencontre d'une clone révolutionnaire faisant partie de l'Union rebelle d'Hae-Joo Chang, un homme qui va lui ouvrir les yeux sur la société dans laquelle ils vivent. Sous l'enseignement de Chang, Sonmi prend conscience que chaque individu doit savoir prendre des risques, même mourir si nécessaire, pour faire changer les choses.
Au moment où le QG des rebelles va être attaqué et anéanti, Sonmi-451 diffuse un message par télévision et radio, en direction des autres pays et des autres planètes précédemment découvertes. Son message se propagera très vite et elle deviendra une figure emblématique, recherchée par les autorités.
Au 23ème siècle, dans un futur faisant suite à l'extinction de l'espèce humaine sur terre, Zachry vit dans une tribu peu avancée sur le plan technologique, où chacun vénère la grande déesse Sonmi pour tout ce qui leur est cher. La tribu est en proie aux attaques fréquentes d'hommes cannibales. Meronym, une ethnologue issue de la dernière civilisation, vient étudier les coutumes locales. Lorsqu'elle parvient à guérir Chaton, la nièce de Zachry, celui-ci accepte de la conduire au sommet d'une montagne « tabou », censée habiter des Esprits malfaisants. Meronym et Zachry mettent alors en marche une machine antique, permettant de lancer un appel de détresse aux humains résidant sur des planètes extra-solaires. Ils captent le message transmis par la déesse Sonmi :
« La vie ne nous appartient pas. Du berceau au tombeau nous sommes liés les uns aux autres. Dans le passé et le présent. Et par chaque crime, chaque acte de bonté, nous enfantons notre avenir. »
On y retrouve le génie du réalisateur du film Le Parfum et celui des réalisateurs de Matrix (et producteurs de V pour Vendetta). Généralement, les projets liés de près ou de loin à Andy et Lana (Larry) Wachowski, aboutissent à des merveilles et ce film n'a pas manqué à la règle. C'est même l'un de mes préférés. J'en attendais beaucoup, et je n'ai pas été déçue. On reste en éveil du début à la fin (2h45, tout de même...), les décors et les thèmes musicaux sont grandioses, la lumière également, la poésie vient contrebalancer la violence et le côté gore de certaines scènes, et Tom Hanks est remarquable, comme à son habitude. J'ai beaucoup aimé aussi l'idée que chaque époque était liée à la précédente par des traces écrites ou visuelles d'un personnage trouvées par un autre (le journal de la traversée du pacifique d'Adam trouvé par Robert Frobisher, les lettres de Robert à son amant Sixsmith trouvées par Louisa Rey, le film biographique de Cavendish trouvé par Hae-Joo Chang, la transmission de Sonmi captée par Zachry et Meronym). Ces héritages transmis directement ou indirectement d'une époque à une autre, qui permettent de constater que des erreurs ont été commises et finissent par se réitérer. Des erreurs mais aussi des actes de courage qui peuvent contribuer à éveiller des consciences et soulever un peuple entier.
J'ai eu des frissons tout du long. J'ai ri aussi. La manière dont se présente le récit permet d'aborder les questions existentielles et de proposer une réflexion sur la nature et la condition humaine. Le film traite aussi bien de l'amour que de la mort, de la réincarnation et de la liberté des individus.
A couper le souffle.
J'ai eu des frissons tout du long. J'ai ri aussi. La manière dont se présente le récit permet d'aborder les questions existentielles et de proposer une réflexion sur la nature et la condition humaine. Le film traite aussi bien de l'amour que de la mort, de la réincarnation et de la liberté des individus.
A couper le souffle.